Dans la lumière éclatante d'automne
Nous partîmes le
matin.
La magnificence de l'automne
Tonne dans le ciel lointain.
Le matin qui fut toute la journée,
Toute la journée
d'argent pur,
Et l'air de l'or jusqu'à l'heure où
Dionée
Montre sa corne dans l'azur.
Toute la journée qui était d'argent
vierge,
Et la forêt comme
un grand ange en or,
Et comme un ange bordé de rouge avec
arbre comme un cierge clair.
Brûlant feu sur
flamme, or sur or !
O l'odeur de la forêt
qui meurt, la sentir !
O l'odeur de la fumée, la sentir !
et de sang vif à la mort mêlée
O l'immense suspens sec de l'or par la rose
du jour clair en fleur !
O couleur de la giroflée
!
Et qui s'est tu, et qui éclate, et
qui s'étouffe et reprend corps,
J'entends au cœur de la
forêt finie,
Et qui reprend, et qui s'enroue, et qui se
prolonge, plus sombre,
L'appel inaccessible du
cor.
L'appel sombre du cor inconsolable
A cause du temps qui n'est
plus,
Qui n'est plus à cause de ce seul
jour admirable
Par qui la chose n'est
plus.
Qui fut une fois, hélas
!
Une fois et qui ne sera plus :
A cause de l'or que voici,
A cause de tout l'or irréparable,
A cause du soir que voici
!
A cause de la nuit que
voici !
A cause de la lune et de la Grande-Ourse
que voici.