PROPHETIE DE JOEL, (N1)CH.1.
Description des ravages causés dans le royaume de Juda par des nuées de sauterelles et de chenilles. Sécheresse, famine, mortalité d'hommes et de bestiaux.
O Nations, ouvrez l'oreille,
Et vous, vieillards, écoutez-moi.
Quelle infortune fut pareille
Aux maux qui nous glacent d'effroi !
Du récit de tant de misères
Entretenez, malheureux pères,
Vos fils au berceau tourmentés;
Qu'à leurs enfants ils les redisent,
Et que ces derniers en instruisent
Leurs descendants épouvantés.
Des essaims d'animaux funestes
Ont dévoré l'herbe et le grain
;
Un air impur flétrit les restes
Qu'épargna leur cruelle faim.
Eveillez-vous, pleurez sans cesse,
Lâches mortels, qui dans l'ivresse
Consumez les jours et les nuits ;
Vous n'aurez plus ces vins perfides,
Ces liqueurs que vos mains avides
Avec art exprimaient des fruits.
S'élevant dans les airs, tels qu'un nuage sombre,
Des bataillons ailés, des insectes sans nombre,
Du pampre et de raisins dépouillent nos côteaux :
Du terrible lion les dents ont moins de force ;
L'arbuste est sans écorce,
Et l'arbre sans rameaux.
Gémis, nation désolée,
Comme une jeune épouse en pleurs,
Qui conduit jusqu'au mausolée
L'objet de ses chastes douleurs.
Quels ravages épouvantables !
Ecoutons les voix lamentables
Des Pontifes de l'Eternel ;
La terre n'a plus de prémices
Pour la pompe des Sacrifices,
Ni pour le culte de l'Autel.
Nos campagnes ne sont couvertes
Que de pitoyables débris ;
Le laboureur pleure ses pertes,
Le vigneron pousse des cris.
Nos vergers perdent leur parure,
Ces doux présents de la nature
Qui flattaient le goût et les yeux.
Le bonheur qui suit l'abondance
Fait place à l'affreuse indigence,
Et s'envole sous d'autres cieux.
Prêtres, Ministres saints, commandez la prière,
Couchez-vous dans la cendre, et baisez la poussière ;
Toute offrande a cessé dans ces jours de terreur :
Quels vieillards, le peuple accourent dans le temple ;
Donnez à tous l'exemple,
Et criez au Seigneur.
O puissance ! ô force invincible !
Dieu marche à vous, faibles mortels
;
Son jour est proche, jour terrible,
Mais suivi de jours plus cruels !
La maison sainte est dans les larmes,
Victime, hélas ! de nos alarmes,
De nos besoins et de nos maux.
Sous les coups d'un Dieu qui se venge,
Voyez expirer dans la fange
Et vos coursiers et vos troupeaux.
Pour eux il n'est plus de pâture,
Pour nous il n'est plus d'aliments ;
De nos voix le triste murmure
Se mêle à leurs mugissements.
Nos édifices se renversent,
Leurs habitants qui se dispersent
Sont menacés d'autres horreurs.
Grand Dieu! ce peuple qui t'appelle,
D'une sécheresse mortelle
Voit déjà les avant-coureurs.
L'air n'a plus de zéphyrs, le ciel est sans rosée ;
Les animaux mourants sur la terre embrasée
Ne trouvent sous leurs pas ni fleuves ni ruisseaux ;
Et le feu souterrain, dans sa brûlante course,
Jusqu'au fond de leur source
A dévoré les eaux.
"La plaie des insectes, l'irruption d'un peuple nombreux et formidable,
les miséricordes du Seigneur sur son peuple, le jugement terrible
du Seigneur sur les ennemis de son peuple". Voir TEXTE
1.
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ARGUMENT
On peut voir dans les critiques et les
commentateurs les différentes opinions sur lesquelles ils se fondent
pour fixer les temps où Joël a prophétisé.
Il suffit d'observer ici avec l'auteur de la préface sur ce
prophète, imprimée dans la nouvelle édition in-4 de
la Bible en Latin et en Français, que le Prophète de Joël
se réduit à quatre objets principaux : "La plaie des
insectes, l'irruption d'un peuple nombreux et formidable, les miséricordes
du Seigneur sur son peuple, le jugement terrible du Seigneur sur
les ennemis de son peuple."