HYMNE XIV (T1)
POUR LE PREMIER DIMANCHE DE L'AVENT
Cette
hymne est, à proprement parler,
une
ode sur le jugement dernier.
Terre, cieux, rentrez dans la nuit,
Les décrets divins s'accomplissent ;
Le Seigneur vient, le temps s'enfuit,
L'éternité
commence, et les siècles finissent.
L'austère vengeance de Dieu
Par
les torrents du ciel purifia le monde ;
Mais l'ouvrage imparfait de l'onde
Doit être achevé par le feu.
De la nature entière
Les ressorts ne sont plus liés
Par leur chaîne première.
Les anges effrayés
Quittent les globes de lumière
A leur soin confiés
Les monts se renversent
Dans le sein des flots ;
Les vents se dispersent
Sur les vastes eaux :
Les ondes se percent
Des chemins nouveaux.
Les tonnerres grondent,
Quels embrasements !
Les cieux dissous fondent :
Leurs écoulements
Allument, confondent
Tous les éléments.
Au monde entier Dieu fait la guerre :
Sur
la foudre et les vents son char parcourt les airs.
Après un déluge d'éclairs,
Il ensevelit son tonnerre
Dans les débris de l'univers,
Et dans les cendres de la terre.
Quel silence ! quelle terreur !
La
nature n'est plus qu'un spectacle d'horreur.
Mais déjà la trompette sonne ;
La mort accourt au tribunal.
Tout tremble à cet affreux signal,
Et le juste même en frissonne.
Sortez des bras de la mort,
Ranimez-vous, cendres éteintes ;
Ce jour d'allégresse et de plaintes
Confirme enfin votre sort.
Quels soudains rayons de lumière !
Quel bruit ! quel prodiges nouveaux !
Les morts dépouillent leurs lambeaux ;
Les
ossements et la poussière
S'élèvent du sein des tombeaux.
Le fils de l'homme, dans sa gloire,
Brise les chaînes du trépas ;
Gage auguste de sa victoire,
La croix brille devant ses pas.
Tombez grandeurs passagères,
Disparaissez, titres vains.
Conquérants et souverains,
Renoncez à vos chimères ;
Rentrez, tyrans de vos frères, (T2)
Dans la foule des humains.
Triste éternité de supplices,
Tu vas donc commencer ton cours.
Bonheur des saints, purs délices,
Commencez pour durer toujours.
Triomphez, puissance éternelle,
Un
monde plus parfait sort des mains du Seigneur.
Un
plus beau ciel éclaire une terre plus belle ;
Habitions
à jamais la demeure nouvelle
De la justice et du bonheur.
TEXTE:
1.
Dans 1751 c'est l'Hymne X
2.
Dans 1751 le vers est:
Rentrez,
tyrans de
nos frères