fin du poème
 
 

HYMNE  V

POUR LA RÉSURRECTION DU SAVEUR

        Quel spectacle nous découvrent
        Ces nuages enflammés !
        Les cieux s'ébranlent, ils s'ouvrent,
        Et ne seront plus fermés.

     Ainsi vos cruautés sont vaines
     Déicides pleins de fureur.
Vos sacrilèges mains au corps d'un Dieu vainqueur
        Ont cru donner des chaînes ;
     Quelle espérance et quelle erreur !

     Dis-moi, malheureuse Solyme,
     Reconnais-tu, l'humble victime
     Dont tu viens de trancher les jours ?
     Il est mort pleurant sur ton crime,
     Pleure toi-même, et pour toujours. (T1)

     Qu'il est différent de lui-même !
     Quels rayons partent de ses yeux !
     L'enfer s'épouvante  et blasphème.
Le Sauveur des humains, leur monarque suprême,
De l'arbre de la croix vole au trône des cieux.

Quel éclat se répand sur la nature entière !
     Quand des ténèbres du chaos
La voix de l'éternel appela la lumière,
Quand du soleil naissant il traça la carrière,
     Ces premiers jours furent moins beaux,
     Que celui dont les feux nouveaux
Du séjour de la mort ont percé la barrière ;
Ombres de nos aïeux, sortez de vos tombeaux.

     Dieu se prépare à nous absoudre ;
     L'ange plu brillant que l'éclair,
     Et plus rapide que la foudre,
     Descend des campagnes de l'air.
     O terreur soudaine ! O surprise !
     Sa main frappe la pierre, et brise
     Le sceau des juges d'Israël :
     Les soldats renversés par terre,
     Attendent  qu'un coup de tonnerre
     Les écrase et venge le ciel.

     Quelle rage, quelle tristesse
     Dévore le persécuteur !
     Le saint troupeau plein d'allégresse
     Court au-devant  de son pasteur.

     La troisième aurore se lève,
     Il se montre à ses ennemis ;
     Et ce dernier prodige achève
     Les miracles qu'il a promis.

Ce n'est point le secours d'une force étrangère
Qui rend à l'univers son monarque et son père :
Lui-même ouvre à nos yeux le tombeau dont il sort,
     Et dans ses mains invincibles,
     Il porte les clefs terribles
     De l'enfer et de la mort.

Peuples qu'il a sauvés, son triomphe est le vôtre
     Célébrons sa gloire et la nôtre,
De nos premiers aïeux le crime est effacé.
     Les chœurs célestes applaudissent,
     Les démons enchaînés rugissent,
Dieu reprend son empire, et leur règne est passé.

     Triomphez, nations fidèles ;
     Recevez  ses faveurs nouvelles,
     Les anges de la mort ont fui.
     Mortels, qu'il invite à le suivre,
     Volez, hâtez-vous de revivre
     Pour régner aux cieux avec lui.

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TEXTE:
1. les trois premières strophes remplacent ces quatre strophes qui se trouvent dans 1751:

Descendez, légions célestes,
De vos pavillons éternels ;
Votre roi dissipe les restes
De tant de peuples criminels,
Qui par leur révoltes funestes
Combattaient  ses soins paternels,
Descendez, légions célestes
De vos pavillons éternels.

Les auteurs de sa mort, insultant à nos peines,
Jusque sur son tombeau signalaient leur fureur :
De sacrilèges mains, au corps d'un Dieu vainqueur
        Ont cru donner des chaînes.

De ces lâches tyrans, de ces cœurs ténébreux,
Les efforts redoublés tourneront à sa gloire ;
Leur vaine résistance achève la victoire
        Qu'il remporte sur eux.

        Reconnais, triste Solyme,
        Reconnais l'humble victime
        Qui mourut dans les tourments,
        Pour expier notre crime,
        Et finir nos châtiments.

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