HYMNE III
O filles de Sion, pourquoi
Formez-vous ces concerts funèbres ?
Vos ennemis sont dans l'effroi
Au bruit des triomphes célèbres
Qu'annonce la nouvelle loi.
Jérusalem, sors des ténèbres,
L'astre du jour renaît pour toi.
Les rois descendent de leur trône :
Sydon, Memphis et Babylone
Adorent tes murs triomphants.
Goûte une paix profonde ;
Reconnais tes enfants
Dans les maîtres du monde.
Hélas ! qui m'a donné
ces enfants précieux !
Moi qui sur des bords odieux
Epouse captive, stérile,
Fatiguai si longtemps les cieux
Du cri de ma plainte inutile ;
Hélas ! qui m'a donné
ces enfants précieux !
O chers enfants, fruit de mes larmes,
Après tant de cruels ennuis,
Vous venez calmer les alarmes
Qui troublaient mes jours et mes nuits.
Mais sur quelle rive étrangère
Vous-mêmes étiez-vous arrêtés ;
Et loin du sein de votre mère
Par qui fûtes-vous allaités ?
Fille, épouse de Dieu,
Jérusalem nouvelle,
Reconnaissez l'amour dont
il brûle pour vous.
Ces peuples et ces rois,
leurs tributs et leur zèle,
Sont les dignes présents
de votre auguste époux.
Que les peuples de la terre
Forment des nœuds solennels.
Que la flamme de la guerre
S'éteigne au pied des autels.
Un nouveau règne commence :
Le triomphe de la foi
Nous met sous l'obéissance
D'un seul chef et d'un seul roi.
Que les peuples de la terre
Forment des nœuds solemnels.
Que la flamme de la guerre
S'éteigne au pied des autels.
Divine foi, source éternelle
Du salut des humains,
Des bords les plus lointains,
Ton éclatante voix appelle
D'illustres souverains.
Leurs pas nous ont ouvert
une route nouvelle.
Ton flambeau brille dans leurs mains,
Pour répandre sur
nous sa lumière immortelle.
Berceau par les rois respecté,
Témoin de leur obéissance,
Tu vis le suprême puissance
Adorer la divinité
Dans les faiblesses de l'enfance,
Et les maux de l'humanité.
Bethléem, demeure champêtre,
C'est dans ton paisible séjour
Que l'univers rend à son maître
Les hommages de son amour.
Le ciel s'ouvre aux humains
; la mort fuit, l'enfer gronde.
Venez, peuples, venez aux
pieds du roi des rois ;
Il commence au berceau la
conquête du monde,
Il l'achèvera sur la croix.
Mortels régénérés
sous les plus saints auspices,
Le cours réglé
des ans nous ramène aujourd'hui
Le jour, où de nos
cœurs Dieu reçut les prémices.
A ce Dieu bienfaisant, à
ce Dieu votre appui,
Offrez des sacrifices,
Qui soient dignes de lui.
Que la terre à jamais honore
Ce jour pour nous si précieux.
Le vainqueur des enfers
n'a point quitté les cieux
Pour l'or ni les parfums
des peuples de l'aurore ;
L'hommage d'un cœur qui l'adore
Est le tribut, l'encens
le plus pur à ses yeux.