HYMNE PREMIÈRE
POUR LA FÊTE DE L'ANNONCIATION
Ne viendra-t-il jamais
Le Dieu que nos cœurs appellent ?
Les siècles se renouvellent
Sans accomplir ses décrets.
Le Dieu que nos cœurs appellent
Ne viendra-t-il jamais?
Prétend-il nous laisser encore
Dans les fers de l'antique loi ?
Quand verrons-nous briller l'aurore
Du jour promis à notre foi ?
C'en est fait : il rompt le nuage
Dont nos yeux étaient couverts.
Il commence son ouvrage ;
Il va finir l'esclavage,
Et le deuil de l'univers.
Fille des Rois, ô Vierge aimable,
Parais, sors de l'obscurité.
Reçois le prix inestimable
Que tes vertus ont mérité.
Reçois cette palme éternelle ;
Des promesses qu'on te révèle
C'est le gage en tes mains remis.
Quel bonheur pour une mortelle !
Ton Dieu va devenir ton fils.
Déjà le signal salutaire
Du haut des airs est aperçu.
L'ange remplit son ministère :
O grâce ! ô prodige ! ô mystère !
Dieu parle, l'Esprit
vole, et le Verbe est conçu.
Terre, élève
ta voix ; mer, fais parler tes ondes :
Cieux, tonnez d'allégresse
: Esprits saints, chantez tous.
Dans vos prisons profondes,
Noirs démons, taisez-vous.
Que tout s'empresse et se rassemble
Pour célébrer
de Dieu l'éclatante faveur.
Terre, mers, cieux,
esprits, prosternez-vous ensemble
Devant la mère du Sauveur.
Et vous d'une tige coupable
Rejetons en naissant flétris,
Mortels ; Dieu brise
enfin le joug insupportable
Où vivaient vous aïeux proscrits.
Il répand des grâces nouvelles,
Et de ses bontés paternelles
Consomme les engagements.
A ses lois soyez fidèles,
Comme il l'est à ses serments.
Dans le sein de la créature
Le créateur
du monde aujourd'hui s'est caché.
Il y devient la nourriture,
Dont la douceur active et pure
Chassera de nos cœurs
le venin du péché.
Son amour nous rend tout facile,
Ne combattons plus ses desseins.
Parmi nous, lui-même il s'exile
Pour finir l'exil des humains.
Que le cri de l'abîme
et la voix du tonnerre
Epouvantent ses ennemis.
Que les concerts
du ciel, que les chants de la terre
Rendent l'esprit aux cœurs soumis.