DIDON, Tragédie (1734)
Préface
Acte
Premier
Acte
II
Acte
III
Acte
IV
Acte
V
Article:
Didon-Didone
abbandonata
ACTEURS
DIDON, Reine de Carthage
ÉNÉE, Chef des Troyens
IARBE, Roi de Numidie
ÉLISE
MADHERBAL, Ministre et Général des Carthaginois
ACHATE, Capitaine Troyen
ZAMA, Officier d'Iarbe
BARCÉ, femme de la suite de la Reine
GARDES
La scène est à Carthage, dans le palais
de la reine.
Le texte est confrome à celui de l'édition
des Oeuvres de 1784. Nous gardons entre crochets les indications
scéniques de l'édition de 1813.
On peut consulter l'édition de 1813 de Didon
[document électronique] au site établi par la Bibliothèque
Nationale:
http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=88806&T=2
Auteur
Pompignan,
Jean-Jacques
Lefranc
(1709-1784 ;
marquis de)
Titre
Didon / par
J.-J.
Le Franc de
Pompignan
Titre
d'ensemble
Répertoire
général
du théâtre
français
; 26
Publication
Num. BNF de
l'éd.
de Paris :
INALF, 1961-.
Reprod. de l'éd.
de Paris : Ménard
et Raymond,
1813
Description
85 Ko
Collection
Frantext ; N869
Notes
Document
numérisé
en mode
texte.
Tragédie
représentée
pour la
1ère
fois sur le
Théâtre
de la
Comédie
française,
le 21 juin 1734.
Texte daté
de
1734, d'après
Frantext.
P. 10-79 du
document original
Domaine
Littérature
française
Identifiant
N088806
Préface
On a toujours vu les amours de Didon et
d'Enée comme une des plus belles inventions de Virgile. Le premier,
et peut-être l'unique, objet de ce poète était de flatter
l'amour-propre de ses concitoyens, et surtout de l'Empereur. Ainsi son
héros ne descend aux Enfers que pour apprendre les noms et les exploits
des fameux Romains qui doivent naître un jour sur la Terre. Vénus
ne lui donne un bouclier fait par Vulcain que pour y tracer à ses
yeux la naissance et l'éducation miraculeuse de Romulus et de Rémus;
la gloire de leurs descendants, leurs conquêtes, leurs divisions,
leurs guerres civiles; la défaite d'Antoine, et ce magnifique triomphe
d'Auguste, qui dura trois jours. Enfin, pour ne pas m'écarter de
l'épisode qui fait le sujet de cette tragédie, quoi de plus
ingénieux que de conduire le fondateur de la nation romaine chez
la Reine de Carthage; d'insprier à Didon un amour violent pour Enée;
d'arracher celui-ci aux charmes d'une passion incompatible avec sa gloire,
et contraire aux ordres du Destin; d'établir par cette fatale séparation
la haine et la rivalité des deux peuples, et d'annoncer en même
temps la supériorité des Romais sur les Cartaginois!
Si cette partie de l'Enéide
a dû être intéressante pour les compatriotes de Virgile,
elle ne l'est guère moins pour ses lecteurs. C'est un prince échappé
de l'incendie de Troie; un héros que les Grecs poursuivent avec
fureur, à qui les nations étrangères refusent même
l'hospitalité; qu'une tempête affreuse a jeté sur les
côtes d'Afrique, et qui se trouve lui-même réduit à
la dernière extrémité lorsque Vénus l'envoie
chez Didon. Cette princesse, aussi malheureuse que lui, persécutée
par son frère et tyranisée par les rois ses voisins, sacrifie
ses propres intérêts à son amour pour Enée.
Elle lui offre sa main avec sa couronne, et comble de bienfaits les Troyens.
Cependant les Dieux lui enlèvent ce qu'elle a de plus cher. Son
amant la quitte; et cette reine infortunée aime mieux mourir que
de survivre à la perte qu'elle vient de faire.
En effet, dit M. Racine,
nous
n'avons rien de plus touchant dans tous les poètes que la séparation
de Didon et d'Enée dans Virgile. Et qui doute que ce qui a pu fournir
assez de matière pour tout un chant d'un poème héroïque,
où l'action dure plusieurs jours, ne puisse suffire à une
tragédie, dont la durée ne doit être que de quelques
heures?
J'ai souvent été
surpris que Racine ait donné la préférence à
Bérénice sur Didon. Ce dernier sujet, bien plus théâtral
que l'autre, aurait produit entre les mains de ce grand homme une tragédie
égale à ses meilleurs poèmes. Il ne serait point tombé
dans les fautes que jái faites, et aurait enrichi sur le peu de
beautés qu'on a daigné remarquer dans ma pièce.
Après avoir présenté
le sujet de Didon par le beau côté, en voici le vice et les
inconvénients. Didon, dans l'Enéide, se livre
trop légèrement à son goût pour un étranger
qui n'est, à le suivre de près, qu'un prince faible, qu'un
dévot scrupuleux. J'ai dû nécessairement abandonner
Virgile dans le caractère de mon héros. J'ai même osé
donner des bornes à l'excessive piété d'Enée.
Je l'ai fait parler contre l'abus des oracles et l'impression dangereuse
qu'ils font souvent sur l'esprit des peuples. J'ai voulu qu'il fût
religieux sans superstition; qu'il agît toujours de bonne foi, soit
avec les Troyens quand il veut demeurer à Carthage, soit avec Didon
quand il se dispose à la quitter; en un mot, qu'il fût prince
et honnête homme.
J'écrivis en 1734 que Virgile
était
un mauvais modèle pour les caractères. L'expression
est dure, et ne convenait pas à mon âge, ni à mon peu
d'expérience. Je la rétracte aujourd'hui par respect pour
Virgile, en pensant toujours de même par respect pour la vérité.
Un écrivain illustre et que
j'honore à tous égards a pris vivement contre moi le parti
du Prince des poètes latins. Il m'a fait l'honneur d'employer à
me réfuter une partie de la préface qu'il a mise à
la tête d'un de ses ouvrages. J'attendais pour lui répondre
une occasion de le faire à propos. Elle se présente aujourd'hui
naturellement; il ne trouvera pas mauvais que je la saisisse. D'ailleurs
je fais gloire de penser comme lui sur les anciens en général
et sur Virgile en particulier. C'était un poète incomparable,
ce versificateur unique qui avait aussi ses défauts, et sa partie
faible était l'art des caractères. M. le P.B. n'en convient
pas. Ce que j'ose reprendre dans Virgile, il le trouve admirable; et je
sais que son sentiment est d'un très grand poids.
Si Pergama dextrâ
Defendi
possent, etiam hâc defensa fuissent.
Comment a-t-on pu, dit-il,
traiter
de prince faible un héros aussi vaillant, aussi intrépide
qu'Enée est représenté dans l'Enéide? En quelle
occasion a-t-il montré quelque faiblesse indigne de son caractère?
Sera-ce parce que Virgile l'a dépeint quelquefois versant des larmes?
Mais Achille, l'indomptable Achille, n'en verse-t-il pas dans Homère
quand on lui enlève Briséis? Ne pleure-t-il pas amèrement
en apprenant la mort de son cher Patrocle? Le terrible Ajax n'en fait-il
pas de même en d'autres occasions?
Ces citations sont exactes: l'application
ne l'est pas. Les guerriers de l'Iliade pleurent quelquefois, je l'avoue:
mais de quelle manière et dans quelles circonstances? Ce n'est point
à tout propos, comme Enée, qui pleure plus souvent et plus
abondamment lui seul que tous les guerriers d'Homère ensemble.
Diomède, l'un des combattants
aux jeux funèbres de Patrocle dans la course des chars, pleure de
rage quand Apollon lui fait tomber le fouet de la main. Agamemnon pleure
de dépit et de douleur dans le Conseil de Guerre qu'il tient pendant
la nuit, pour annoncer aux chefs de l'armée, battus et poursuivis
par Hector jusque dans leurs retranchements, qu'il faut promptement lever
le siège et reprendre le chemin de la Grèce. Achille pleura
quand Eurybate et Talthybius, hérauts d'Agamemnon, eurent emmené
Briséis.
Qui ne voit d'abord que ce ne sont
point là des pleurs de faiblesse ni de pusillanimité? ces
attendrissements continuelsne supposent pas une grande fermeté d'âme.
On voit des personnes qui expriment leurs sentiments par des larmes. Le
polaisir, la douleur, la joie, l'admiration les font pleurer. Ce sont de
fort honnêtes gens dans la société civile; mais ce
seraient de médiocres personnages dans un poème épique.
Le don des larmes sied mal à un héros.
Madame Dacier (Note
1) prétend que Virgile a puisé dans Homère jusqu'à
l'idée même du sien. Enée dit à Pandare, fils
de Lycaon, que la colère des dieux est terrible. C'est d'après
ce mot qu'a été formé le principal caractère
de l'Enéide. Cette remarque de Madame Dacier n'est point frivole,
et renferme beaucoup de sens en peu de mots. Enée joue dans l'Iliade
un rôle assez subalterne, quoiqu'il y ait pourtant ses traits distinctifs
comme les autres; car en fait de personnages, tout est peint, tout est
vivant dans Homère. Mais en qualité de poète grec,
il a cru devoir partout déprimer les Troyens. Enée près
de combattre contre Diomède se croit déjà vaincu,
et n'a d'espérance qu'en la vitesse de ses chevaux. Diomède,
au contraire, compte si audacieusement sur la victoire qu'il ordonne d'avance
à Sthenelus de courir aux chevaux de son ennemi et de les mener
au camp. L'opposition de ces deux caractères est frappante. De pareils
coups de pinceau ne sont pas communs chez Virgile. Ne pourrait-on pas dire
qu'il n'a pas assez perdu de vue dans son poème la médiocrité
d'Enée dans lÍliade? Souvent on est faible avec beaucoup
de valeur; et tel est, si je ne me trompe, le héros de l'Enéide.
Le reproche d'amant sans foi ne paraît
pas plus solide à M. le P.B. que celui de prince faible. Il faudrait,
selon lui, qu'Enée se fût lié à Didon
par quelque engagement solennel. Mais on n'en trouve, ajoute-t-il,
aucun
vestige dans toute la narration de Virgile. Je lis, ou j'entends
bien différemment le quatrième livre de son poème.
J'y apperçois non seulement des vestiges, mais des preuves plus
claires que le jour, de tous les faux serments qu'Enée a faits à
Didon.
Etablissons en premier lieu si c'est
ici un prince ferme et raisonnable, un père de famille qui doit
de bons exemples à son fils, un chef de nation, et le fondateur
désigné du plus grand empire de la Terre; ou bien un aventurier,
un séducteur de princesses. Dans ce dernier cas il a pu croire que
les bontés de la reine et les serments done on est prodigue en pareille
occasion, et qu'il n'avait pas refusées, au moins dans la grotte,
ne l'engageaient que médiocrement avec elle. Mais on jugera autrement
si l'on ne considère en lui, suivant le dessein de Virgile, qu'un
prince toujours occupé de ses infortunes passées, de son
état présent, et de l'oracle des dieux; qu'un père
soigneux de l'éducation de son fils et qui lui enseigne de bonne
heure à supporter courageusement les revers et les travaux.
Disce, puer, vittutem ex me, verumque laborem,
Fortunatam ex aliis.
Il semble qu'un homme de
ce caractère ne doive point abuser de la faiblesse d'une femme,
d'une reine, de sa bienfaitrice. Pourquoi flatter sa passion? Pourquoi
souffrir qu'elle parle publiquement de mariage consommé?
Nec jam furtivum Dido mediatur amorem,
Conjugium vocat.
Il y a plus. On ne peut douter qu'il ait
promis à cette princesse de régner avec elle à Carthage.
Jupiter en est allarmé. Il envoie Mercure, qui trouve Enée
au milieu des architectes et des ouvriers, donnant des ordres pour le plan
des fortifications et la disposition des édifices, et ne pensant
en aucune façon aux préparatifs de son départ, ce
qui lui attire des reproches très vifs de la part du messager des
Dieux.
Je finis cette discussion, déjà
beaucoup trop longue, en me couvrant du bouclier de de l'Académie
de la Crusca, l'une des plus respectables compagnies littéraires
de l'Europe. Voici comme elle s'explique sur le caractère d'Enée
dans son apologie de Roland furieux de l'Arisote, contre
le dialogue de Camillo Pellegrini sur la poésie épique.
Quel personnage pour Enée,
qui était d'un âge mûr et qui avait un fils déjà
grand, auquel il devait donner de bons exemples, de courir les aventures
galantes et de faire l'amour comme un jeune homme, dans le temps qu'il
était chargé des entreprises les plus importantes, et que
les dieux lui avaient révélé qu'ils le destinaient
à fonder l'Emprie Romain! Quelle trahison d'abandonner indignement
une reine qui, après l'avoir tiré de la misère, l'avait
reçu dans ses bras et comblé de mille biens! Vit-on jamais
de plus noire perfidie? Et c'est une raison puérile (è
scusa da bambini) et contre toute vraisemblance, de prétexter
des ordres de Jupiter, etc. ... (Note 2) Les
expressions de l'original sont moins mesurées que celles de la traduction.
Le fameux Rousseau a peint Enée
d'après nature, ou pour mieux dire, d'après Virgile, dans
une ode que tout le monde connaît.
Pouvait-elle mieux attendre
De ce pieux voyageur,
Qui fuyant sa ville en cendre
Et le fer du Grec vengeur,
Chargé des Dieux de Pergame,
Ravit son père à la flamme,
Tenant son fils par la main,
Sans prendre garde à sa femme
Qui se perdit en chemin?
Je m'appuierai encore des réflexions
de M. l'Abbé Desfontaines. Il me permettra bien de rapporter ici
ce qu'il m'écrivait en 1740, dans le temps qu'il travaillait à
sa belle traduction de Virgile: Je vous avoue que le caractère
misérable d'Enée me dégoûte bien. Un auteur
qui donneroit aujourd'hui un pareil caractère à son héros,
soit dans un poème, soit dans un roman, serait sifflé. Enée
est un homme faible et un dévot insipide. Tant d'autorités
prouvent au moins que mon sentiment dans cette dispute littéraire
n'est ni absurde ni singulier.
Il ne serait pas aussi facile de justifier
les défauts de ma tragédie sur lesquels le succès
qu'elle eut dans sa nouveauté ne m'a jamais ébloui. C'est
le coup d'essai d'un âge sans expérience, une pièce
composée sans le secours des connaisseurs et dans le fond d'une
province. J'aurais peut-être mieux fait de ne la point livrer au
public; mais je ferais plus mal encore de la lui laisser avec toutes ses
imperfections. On n'est pas forcé de s'ériger en écrivain,
mais on est obligé de corriger ses écrits.
D'ailleurs, on ne risque rien à
s'enrichir des beautés de Virgile. Je n'avais point profité
de toutes celles qui pouvaient embellir ma pièce. J'avoue que je
sentis bien, en composant cet ouvrage, que je ne saisissais pas tout ce
qu'il y a de plus fort et de plus théâtral dans le quatrième
livre de l'Enéide. Les avant-coureurs du trépas
de Didon forment un tableau effrayant auquel je n'avais substitué
que de la tendresse et de la douleur. En en mot, la prochaine mort de Didon,
la pallida morte futurâ ne régnait point assez
dans le cinquième acte, qui avait besoin en cela d'être remanié.
On a pu remarquer aussi que Madherbal
promet à Iarbe, dans la première scène du premier
acte, de représenter fortement à la reine qu'il est de son
intérêt de préférer ce jeune prince à
tout autre, ce qui semblait annoncer une scène entre Didon et ce
ministre. Cependant il n'en est plus parlé; car je compte pour rien
ces deux vers du troisième acte:
J'ai cru devoir vous dire en ministre fidèle
Tout ce que m'inspirait votre gloire et mon zèle.
Il faut quelque chose de plus pour la justesse et la netteté
de la conduite théâtrale. J'y ai remédié par
une scène entière que j'ai ajoutée au premier acte.
On en trouvera aussi une nouvelle au commencement du quatrième,
entre Achate et Madherbal. A cela près, les autres corrections portent
sur le dialogue en général, sur des vers faibles, des expressions
négligées, des mots parasites et des rimes peu exactes.
On m'objectera peut-être que
j'ai mis le récit d'une apparition au cinquième acte, contre
l'usage constamment observé de ne placer ces sortes de morceaux
que dans le premier acte ou dans le second tout au plus. Je répondrais,
si je n'avais pas d'autre excuse, que l'on peut quelquefois s'écarter
des routes frayées, pourvu que l'on arrive à son but, aussi
vite et sans s'égarer. Mais Virgile vient ici à mon secours.
Dans son poème, comme dans ma tragédie, les circonstances
que j'ai décrites sont essentiellement liées avec le dénouement
de l'action. Didon ne voit des spectres que quand elle a des remords; et
les remords ne viennent que quand Enée s'en va. Tout cela est dans
la nature, et les véritables règles sont de peindre les passions
au naturel.
Un étranger (Note
3) illustre, mais que ses liens académiques, si j'ose m'exprimer
ainsi, ont naturalisé parmi nous, et qui joint à beaucoup
de génie l'érudition la plus agréable et la plus variée,
avait traduit Didon en italien, dans l'état où
elle fut imprimée pour la première fois en 1734. Je n'avais
pas le bonheur de le connaître quand il fit cet honneur distingué
à ma tragédie. Je lui ai confié depuis mon manuscrit,
et il m'a répété souvent, avec une candeur peu commune
chez les gens de lettres, qu'en traduisant Didon il avait
souhaité plus d'une fois tous les changements que j'y ai faits.
Heureux si les beautés de sa
poésie pouvaient rendre la mienne supportable aux yeux d'une nation
qui a produit les plus grands poètes; et qui, ayant reçu
des mains des Grecs tous les talents et tous les arts, les a répandus
avec tant de profusion chez tous les peuples de l'Europe.
J'apprends dans ce moment que les
comédiens, à qui on avait confié à mon insu
et contre mes intentions le nouveau manuscrit de cette pièce, l'ont
remise au théâtre sans avoir adopté d'autre changement
que le nouveau cinquième acte, ce qui a dû produire un effet
bizarre, ce dernier acte étant beaucoup moins vide de choses et
bien plus travaillé que les quatre premiers, tels qu'on les a dans
l'ancienne édition. Je me flatte que celle-ci réparera bientôt
les inconvénients de cette rerésentation tronquée.
C'est tout ce que j'avais à
dire sur une tragédie que le public a honorée de son indulgence,
et que je voudrais rendre digne de son approbation.
(1) Notes sur le cinquième livre de l'Iliade.
(2) Nell'Eneade, che bel costume è quel
d'Enea già maturo, e che aveva un figliuol già grande, que
doveva imparar a vivere, e prendere esempio da lui; nel tempo ch'egli aveva
per le mani si grani imprese, a piantare il fondamento dell'imperio di
Roma, il che a lui era stato rivelato, l'andarsi intabaccando, e perdendo
ne gli amorazzi a guisa di un giovinetto; e tradire con si scelerata fraude
quella real femina, che ignudo e tapino e diserto l'aveva raccolto nelle
sue braccia, e apertagli l'anima e'l corpo? udissi mai il più solenne
tradimento di questo! ed è scusa da bambini il rifugio del commendamento
di Giove, e fuor d'ogni verisimile, etc.
(3) M. l'Abbé Venuti, l'un des fondateurs de
l'Académie de Cortone, Correspondant honoraire de l'Académie
des Belles-Lettres et Inscriptions, Associé de l'Académie
de Bordeaux et de celle de Montauban. Il est arrière-neveu du savant
Philippo Venuti, l'un des trois auteurs qui ont travaillé au meilleur
commentaire que l'on a sur Virgile. Son frère est Surintendant des
Cabinets du Pape.
Last Updated 24 September 2001